mercredi 11 juillet 2012

Marilyn Manson au Festival Les Ardentes : Goth Save The Queen

(c) Dominique Houcmant
Le patron du glam/hard/rock est de retour en Europe pour la promotion de l'excellent "Born Villain". C'est donc avec curiosité et intérêt que nous avons été assister pour vous à ce show que beaucoup espéraient pouvoir qualifier de retour aux sources. Un bon concert mais nous restons sur notre fin, récit d'une grande messe.


C'est avec une avance certaine, près de 10h tout de même, que mon ami et moi franchissons l'entrée du Parc Astrid pour se diriger vers la scène principale et vite se rendre compte qu'une cinquantaine de fans ont déjà pris leurs quartiers devant les barrières. Parmi eux nous retrouvons les éternels gothiques grimés comme leur idole ou poussant le ridicule encore plus loin en arborant cuirs, bottes et autres ferrailles sans aucun rapport avec la star, à se demander comment le grand Marilyn a-t-il pu les inspirer. Tout ceci ajouté aux fans féminines de 13 à 15ans qui n'hésitent pas à se scarifier les initiales du chanteur sur les seins ou à boire de l'absinthe coupée à l'eau. Il est assez clair qu'ils sont bien loin de ce que Marilyn Manson aurait espéré inculquer à ses fans mais il faut de tout pour faire un monde, les fans plus sobrement vêtus mais surtout adeptes du fond et non de la forme arriveront plus tard dans l'après-midi.
Pour ma part, je n'ose trop me réjouir. Il est clair que j'attends son concert depuis plusieurs années déjà mais sa récente descente aux enfers suivie d'un timide retour aux sources teinté d'un essoufflement certain me force à rester sur mes gardes.
23h30, après des heures interminables à supporter le hip hop abusant des basses des Far East Mouvement puis l'exotisme un peu trop sûr de lui des Balkan Beat Box, un immense rideau noir tombe et cache désormais la scène. Les curieux scandent "il est heure, ça commence". C'est évidemment mal connaître le Révérend qui avait déjà fixé son retard dès le matin.
C'est donc 45min en retard que les lumières s'éteignent, la fumée envahit la scène et l'intro "Surprisia Theme" tirée d'une BO d'un bon vieux Asia Argento berce la foule qui tend les bras et scande le nom du chanteur qui se fait désirer en ombre chinoise derrière le grand voile noir.
Le rideau tombe, les premières notes de Hey, Cruel World retentissent. Une intro lente suivie d'une explosion qui a pour effet de provoquer une explosion dans le public traduite par un impressionnant mouvement de foule. Un tout nouveau morceau très efficace.
S'en suivent quelques classiques tels que Disposable Teens ou The Love Song mais ce sont surtout les nouveau morceaux qui nous intriguent. Le single No Reflection est puissant et violent. Marilyn Manson s'essaie même à la guitare pendant Pistol Whipped, pas très convaincant. Slo-Mo-Tion n'est pas exceptionnel en live mais provoque cet effet de transe dans le public comme j'ai pu le ressentir sur l'album (Born Villain, ndlr).
Nous avons droit à beaucoup de bombes déjà vieilles d'une quinzaine d'années mais toujours aussi efficaces telles que Rock Is Dead, ou The Dope Show nous replongeant dans la grande époque où le chanteur dénonçait la bêtise des médias, des magazines et les pièges du succès. Pièges dans lesquels il est parfois tombé depuis. Nostalgie !
Plus loin dans le set, Manson nous rappelle qu'il adore les reprises en nous balançant Personal Jesus et Sweet Dreams (Are Made Of This) qui ont pris quelques rides mais qui emballent toujours autant la foule. Il n'y a plus que des disciples devant leur Dieu. Il sait se mettre l'audience en poche !
Enfin un petit mot : "Belgium Belgium Belgium Belgium Belgium thank you", ça fait plaisir, on commençait à croire qu'il n'était pas heureux d'être là.
Ensuite, 15ans de l'album Antichrist Superstar obligent, le groupe met à l'honneur ce merveilleux opus en offrant pas moins de quatre morceaux issus de ce bijou ! Tourniquet (chanté avec un parapluie couvert de LED), Irresponsible Hate Anthem (certainement le moment le plus violent du concert) s'enchaînent puis s'en suit un blanc de quelques minutes. Un grand pupitre de président est installé, bardé de micros et estampillé du célèbre shock logo. Manson réapparaît, chemise rouge et costume noir, tel un chef d'État qui apporte la bonne parole. Antichrist Superstar embrase la foule. Le chanteur déchire une bible, l'offre au public qui n'hésite pas à se battre pour s'emparer ne serait-ce que d'une seule page de ce livre devenu si précieux.
Pour clôturer le show, il ne manquait plus qu'un seul classique et il arrive enfin : The Beautiful People.
Il ne s'égosille plus comme avant mais nous l'introduit quand même à l'ancienne avec son célèbre "How does it feel to be one of the beautiful people?". Le public donne toute son énergie pour ce morceau, nous sommes écrasés par les plus déchaînés. Le groupe semble lassé, ils ont joué cet hymne des centaines de fois et ne semblent plus emballés.
Cela résume assez bien l'ensemble du concert, un cruel manque d'énergie, nous n'avons pas eu l'impression que le groupe prenait du plaisir et les morceaux s'enchainaient très vite ce qui a rendu le show un peu trop expéditif et bâclé. Marilyn Manson à fait beaucoup d'effort pour tenir sa voix, ce qui semblait impossible pour lui durant les deux dernières tournées. Du haut de ses 43ans il a gagné en maturité et nous a évité des gestes ridicules mais reste fidèle à son éternelle provocation en simulant régulièrement l'acte sexuel soit seul soit en tirant son bassiste, Fred Sablan, par les cheveux pour le coller contre son entre jambe.
C'est donc un concert en demi-teinte auquel nous avons assisté, les tournées à feu et à sang des 90s sont loin mais nous pourrons quand même dire "j'y étais" et à tous les détracteurs qui ont préféré le playback du hip hop américain, Manson est un artiste honnête et vrai, il assume ce qu'il est et il n'a que faire des critiques comme il dire lui-même : "I hate the haters, I rape the rapers". 
Cela valait la peine d'être vu !


Jérémy Van Beneden.

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