vendredi 17 août 2012

Rencontre avec Cédric Gervy !



J’ai eu l’immense plaisir de rencontrer et de m’entretenir avec Céric Gervy après son concert au « Menthe à l’eau » à Spa, le 20 juillet 2012. Nous avons parlé de Spa, bien évidemment mais aussi de ses textes et de ses récentes expériences outre frontières en France mais aussi au Canada.
Le personnage que l’on adore sur scène n’en est en fait pas un, le Cédric Gervy que nous avons rencontré nous a répondu comme s’il écrivait un texte, c’est-à-dire sans concession et en hésitant pas à flinguer ce qu’il déteste, à souligner ce qui le touche.
Entretien avec un artiste entier, honnête et surtout, très vrai.


Crédit : Thibaut Delhaxhe


  • 1.      Quel est le lien qui t’uni avec les Francofolies et Spa en général ?

C’est l’endroit où je me sens le mieux en tant qu’artiste. Ça a commencé tout petit, je jouais déjà dans les bars il y a 8 ans devant une quarantaine de clients. A la fin il y avait 40 clients plus 20 personnes qui regardaient et maintenant il y a 40 clients et 120 personnes qui regardent. Il y a un état de confiance entre l’organisation et moi.
De plus, j’aime beaucoup le coin en général, Verviers, Stembert car on y retrouve une chaleur qu’on ne trouve qu’ici. Le public est toujours réceptif et on vient toujours me complimenter à la fin, ça me fait chaud au cœur. Ici tout le monde vient pour la même chose, comme des fans de bio qui vont à une convention du bio, tout le monde se retrouve. Ici je suis reconnu sans avoir besoin d’être VIP ou plus privilégié qu’un autre.

  • 2.      Est-ce qu’il y a un lieu, une scène qui t’a marqué depuis les années que tu tournes ?

Voici une dizaine d’année que je tourne, et le concert sur la scène Proximus était énorme.
Ce qui me marque de manière général ce sont les gens qui pleurent ou connaissent les morceaux par cœur. Quand j’ai un trou de mémoire parce que je suis fatigué ou si j’ai trop arrosé la veille, je me repère sur les gens et ça va tout de suite mieux, comme le spray du soigneur au foot. Et il n’y a qu’ici que je ressens ça. En plus, il y a mille choses à faire ici et je vois des gens qui vont partout mais qui sont là à chacun de mes concerts dans les bars.
Bref, je travaille avec plaisir, c’est comme un exercice sauf que je « joue » pendant que je travaille.

  • 3.      Tu traites de nombreux sujets dans tes textes (politique, foot, religion, divorce, etc.) mais y-a-t-il d’autres artistes qui t’inspirent ?

Il y a des gens que j’aime beaucoup pour la musique, mais les textes ne m’influencent pas. Autant j’adore la plume de Thomas Fersen mais je ne me vois pas écrire à sa sauce. J’aime beaucoup Dominique A aussi. Mais évidemment, Renaud et Daniel Hélin qui est mon parrain de scène (avec Marc Herman et Bruno Coppens, ndlr.).
Aussi, Renaud est à mettre au-dessus du lot mais si j’ai du mal à expliquer aux jeunes que c’était bien avant même si je continue à adorer sans l’écouter tout le temps. Il y a aussi Bashung, Thiéfaine, Benabar même si j’aime moins ce qu’il fait maintenant.
Mais il y a aussi mes ennemis jurés, ceux à qui je ne voudrais jamais ressembler ni qu’on me compare à eux car ils sont trop FM, trop formatés, trop de louches de bons sentiments. Au final, il y a plus dans une demi-chanson de Renaud que dans toute leur carrière alors qu’on en parle comme des « défenseurs de l’environnement » sans parler du pognon qui accompagne, ça me rend malade.

  • 4.     Quand tu dénonce la célébrité dans un de tes textes (Putain J’ai Failli Être Connu, ndlr.), cela change-t-il quelque chose dans les contacts que tu as avec les artistes qui circulent ici aux Francofolies ?

Je suis assez  mauvais là-dedans, je suis vite très collant, très impressionné. Si je vois passer Benabar maintenant, je suis le premier à lui sauter dessus et crier « j’adore » alors que c’est exactement ce que les artistes détestent. Moi aussi, à mon tout petit niveau, je ne supporte pas quand on vient trop me dire « oh c’était génial », je préfère les photos et discuter normalement avec les gens.
J’adore être ici, croiser les célébrités mais j’ai appris à leur foutre la paix car je les comprends, je ne veux pas passer pour une groupie et je suis très nerveux, cela se ressent très vite.

  • 5.      Y-a-t-il des sujets dont tu n’oses pas ou tu ne veux pas traiter ?

Il y a des sujets qui ne m’intéresseraient pas et il y a des sujets sur lesquels on a déjà écrit beaucoup mieux que moi comme Renaud sur une femme enceinte ou Reggiani sur la solitude.
J’essaie de m’inspirer de ce qui m’intéresse. Par contre ma sœur m’a mis en garde, il faut que je fasse attention à ne pas donner des leçons. Dans « Walibi », ce n’est pas parce qu’ils y vont qu’ils sont cons alors que je les fais un peu passer comme ça. J’ai fait aussi une chanson sur la crise avec les délires au supermarché comme « tu vas t’en prendre une hein, Kévin ! » alors qu’on a le droit d’appeler son enfant Kévin. Il faut faire attention à ne pas être un peu péteux dans tes jugements.
Par contre le foot, j’assume à fond, je ne comprends plus qu’on puisse être mort fan de foot. Le Tour de France aussi, je ne comprends plus.
J’ai fait une chanson sur Dieu, une sœur est venue me trouver après un concert, elle était triste pour moi que je pense ça mais je ne joue pas un personnage, je donne mon avis, c’est moi qui parle. Malgré tout, je ne veux pas me mettre des gens à dos, même si on sait que je n’aime pas le tuning. C’est fait avec gentillesse.

  • 6.      Cette année, à cause ou grâce à Labiur, tu as eu la chance de jouer aux Francofolies à La Rochelle, à Montréal, le public, l’ambiance en général sont-ils différents par rapport à Spa ?

A La Rochelle, c’est tout aussi semblable à ici, les gens sont tout aussi généreux, tout aussi amateurs de chanson française, mais on est en France et donc encore plus français. J’avais très peur de ça car les français qui viennent en Belgique disent tous que notre public est génial alors je suis allé là en me disant que l’inverse était peut-être vraie aussi, que le public français est moins bon. Et bien que du contraire, j’avais l’impression de jouer ici, les gens ont tout de suite chanté avec moi.
J’ai joué le tout dernier jour, juste avant le feu d’artifice du 14 juillet.
Québec, par contre, était très exotique, j’ai dû retravailler mes textes car pleins de termes sont des belgicismes comme « rembobine » ou « brosser les cours » dont il a fallu adapter et ça s’est très bien passé. C’était beaucoup plus confiné, j’ai joué dans une salle, il n’y avait pas beaucoup de gens même si la salle était remplie. Il y avait 3 artistes canadiens avant moi, ils étaient évidemment beaucoup plus acclamés que moi mais le public est resté pour moi. Un respect mutuel.
J’en ai aussi profité pour visiter un peu car je voyage peu. J’ai rencontré les Charles Gardier de là-bas et j’ai été traité comme quelqu’un de « connu ». On a cru à la faute de casting car j’étais très stressé mais ça s’est super bien passé au final.


  • 7.      Pour conclure, revenons au collectif « Belgium Rocks » dont le travail est de mettre en avant la scène belge, qu’écoutes-tu en matière d’artistes belges ?

Je suis mort de fan de Ghinzu et aussi des Girls In Hawaii, c’est vraiment très malheureux ce qu’il leur est arrivé. Je suis aussi très fier de Gaëtan Strëel qui commence à percer. Stromae aussi, même si je ne l’ai jamais rencontré. Son manager a tout à fait accepté que je fasse « Alors On Foot », il a rigolé d’ailleurs. J’aime aussi Malibu Stacy et Balimurphy, ces derniers sont devenus des copains à force de se rencontrer en backstage, ils sont charmants tout comme Camping Sauvach’.
En fait, tous ces gens-là je les côtoyais davantage lorsque je tournais en formule groupe et là on avait encore un côté rivaux car on jouait sur les mêmes scènes.
Maintenant je n’ai plus ce problème, je ne suis plus rival de personne, plus de pression ni de succès car à l’époque on parlait de succès, de hits alors que maintenant, je ne passe jamais en radio et tant mieux.
Par ailleurs, je suis très fan d’Iron Maiden qui a bâti toute sa carrière en écrasant les autres têtes d’affiches. Je suis aussi un gros fan d’Oasis et je n’ai pas peur de dire que Led Zeppelin ou Jimi Hendrix je m’en fous ! Je n’ai aucune accroche pour les solos de guitare sauf dans le métal où c’est rigolo, un peu comme Metallica avant qu’ils ne soient pourris par le fric.
En fait, soit j’écoute du Serge Lama ou Pierre Bachelet ou alors j’écoute du métal bien gras.
Bref, mes playlists sont très éclectiques.


Propos recueillis par Jérémy VAN BENEDEN.


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